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Romantisme deshumanisé

13 juillet 2007

Aux regards dévoreurs des passants, Je n'étais

Aux regards dévoreurs des passants, Je n'étais plus qu'un sac de sang, Considéré comme le fainéant du quartier Quelqu'un de gênant, quelqu'un de givré.

Les pièces ne tombaient pas chaque jour Dans ma poussièreuse et répugnante sébile; Encore moins quand l'air était lourd Et que je semblais, aux yeux des gens, fébrile.

Je n'avais pas oublié le regard de la petite fille Couchée derrière l'escalier, pleurant des perles bleues Au couché du soleil orageux, elle eût oublié la ville Ancienne disparue des temps de l'or du feu.

Moi, plus moi, à la lueur de l'autre, à genoux, à Dieu à toi, Ô brume de ma vie, Ô tuile de mon toit, Quelques échos dans une nuit noire et j'ai froid. C'est un homme vêtu d'un complet vert aux yeux de feu.

Qui es-tu? demande ma voix qui s'éloigne de tout. Hésitant, il se baisse lentement vers mes draps gris; Je ne suis qu'un homme, je ne suis pas un loup, Me répondit-il avec un accord sonore des anges de la vie.

Je suis l'homme que tu as vu naître, cher monsieur. Je suis l'homme que tu as aimé de ton mieux. Je suis l'homme que tu as vu mourir dans le feu. Je suis l'homme que je vois à travers tes yeux!

Et une lumière aveuglante perça la nuit en un rien de temps; L'homme inconnu me tira d'une main de mon lit. Il me porta vers un ciel recouvert de miel et de champs Que je reconnus, que j'oubliai et que je perdis.

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6 juin 2007

Dormeur du soir

Assis, devant ma fenêtre, songeur du ciel d'ivoire

Mes yeux sont dirigés vers les nuages de l'espoir;

J'écoute dans les silences de campagne les oiseaux qui crient,

J'écoute les hurlements déchirés des animaux endormis.

Mon lit de paille attend mon corps fatigué et vacillant

Mais la nature est bien trop belle avec ces arbres de sang;

Je contemple, encore, incertain, le spectacle qui m'est offert,

Je contemple toujours le lac et son eau claire.

A présent, il est l'heure; je me couche dans un tiroir de fourchette

Mais j'apprécie l'odeur de champ récemment récolté

Et ses senteurs de travail au soleil des agriculeurs de la traite

Qui jouissent avec leurs mains emplies de bourbillons d'une vie de retraités.

J'apprécie cette odeur me venir, m'enlacer, m'aimer

Comme jadis les patoches des temps révolus

Qui se rencontraient dans les foutoirs des hommes bourrus

Je laisse le sommeil m'emporter avec les gueulements des enivrés.

Je ne saurais vous dire si ce soir fut un soir,

Mais demain, ce sera toujours le même miroir

Et dans quelques siècles, quand je m'endormirai pour toujours

Quand je sentirai les agriculeurs armés de leurs faucilles arriver

D'un pas nonchalant et rassuré, avides de méchanceté et d'amour;

Je pourrai vous dire que ce soir-là, mon sommeil ne me fut privé.

6 juin 2007

Forêt aux sanglots desséchés

N'oser que se lamenter sur les rosiers de l'ouverture

Jamais pour moi fut la couleur de cet autrefois

Mais quand rougiras-tu de cet entrelacement de bois durs?

Et combien de fois t'ai-je vu pleurer tes larmes chaque mois?

Toi, forêt qui s'encombre de ronces qui se mêlent, s'emmêlent, se démêlent

Toi, forêt qui crie par les troncs couchés sur tes colliers de lierre

Toi, forêt, toi, je te vois là-bas, au-dehors de tout, seule dans ton pré

Je te vois mourir au-delà de ton immobilité ancestrale et belle

Je te vois, là-bas, sous les grêlons de l'été foutu

Comme une main de fer qui s'abat sur ton écorce pourrie

Comme des milliers d'aiguilles qui transpercent ton esprit malade

Je te vois, là-bas, perdue, à jamais, au centre de ce monde fade.

Tu es ma dernière lanterne dans la nuit de lucioles dansantes

Tu es ma dernière étoile de velours dans le noir des blancheurs de l'hiver

Tu es ma pensée sur cette interminable pente

Tu es le tout que j'enlace pour rentrer dans cette Terre.

6 juin 2007

Des fleurs sous la pluie

Enfin, je vis le ciel s'ouvrir au-dessus de moi

Au fracas de la foudre et du vacarme des voix

S'annonçait les colères douces du Dieu du tonnerre

Sans doute pour pleurer, mais surtout pour plaire.

Les renards retenaient leurs langues

Dans une salive sombre et affolante

Observant les nuages noircir et se mouvoir

Fureur descendante, ô plaine, quel pouvoir!

Je sentais mes bras me manquer dans les vents tempêtueux

Un rêve qui chante, je me laisse m'envoler dans ce tourbillon fou

Je souris aux animaux innombrables restés au sol, aux regards facétieux.

Je quitte la terre pour l'air, air maudis que je contemple, mais air qui est doux.

Puis la peur s'estompe et le calme revient

Mes yeux s'ouvrent et je vois que je chute

Comme la tombe entre-ouverte qui s'accroche à moi

Elle me tire de sa forçe vers le sol, elle me tire de tout son poids.

Je me vois, à présent, me réveiller sur l'herbe humide des champs du verger

Brin arrosé par une pluie battante dans un ciel bleu noir pourri

Mon esprit s'éveille et mes mains me lèvent pour me chercher

Les renards sont encore là, assis, scrutant les fleurs sous la pluie.

19 mai 2007

Ô cher père énigmatique

   

    Son dos courbé, son coeur doué
    Il est un être au fond déluré
    Ses bras ballants, il émet un chant
    Il me regarde, il est important.

    Galimatias périodiques, idéal hérétique
    Qui es-tu? Ô cher père énigmatique.
    Sombre lueur aveuglante, que cherches-tu?
    A me détruire? à m'aimer? Au fond, me hais-tu?

    Je ne sais encore quel mal te ronge,
    De quelle forçe, le chagrin, ton âme éponge
    Cependant, que les anges déversent, telles des nuées étranges
    J'irai dire à Gabriel, que ton esprit, à travers la mort, s'arrange.

    Tu évolues, tu grandis, dans ce monde macabre,
    Tu ne bouges pas, vraiment, tu restes de marbre,
    Mais que cherches-tu? Je ne comprends pas, Ô cher père énigmatique,
    Est-ce une langue inconnue? Est-ce de l'Amharique?
    Pourquoi vas-tu si loin? Au confluent de la mer Rouge et du golfe d'Aden?
    De ma naissance, dans un cabinet, tu en as fais la tienne.
    Tu riais de me voir sortir par là où tu es rentré,
    Tu riais, Ô cher père énigmatique, de tes larmes sur le dossier;
    Mais qu'en est-il devenu de ce sourire?
    Ils sont pour toi, ces mots qui ne sauront jamais dire.

    Découché, où es-tu? Maman s'inquiète; sans toi, elle est perdue
    Les ordres ne sont point là et tu as disparu pour la première fois.
    Se faisant de plus en plus présente, la lueur est revenue,
    Elle te cherche mais tu ne l'as suis plus.
    Une perche t'a été tendue, mais tu as évité les lois,
    Maintenant c'est fini et tu es perdu.

    A présent, tu scrutes, de ton île déserte, les recoins des marées salées,
    Tu cherches quelque chose, on ne sait quoi;
    Un coquillage, une perle, un secret d'autrefois?
    Tu cherches sur le sable de mes joues, une danse, que dis-je? un ballet.
    Tu cherches avec tes mains, avec tes yeux, avec ton coeur.
    Tu cherches tes fils, ta femme, ton ancienne vie
    Ton devenir n'est plus, alors je cherche à mon tour, ma mie,
    Dans l'espoir que me revienne le bonheur.

    Les jours passent et je ne trouve plus que toi pour me manquer,
    Les années me lassent et, à travers la mort, tu m'auras aimé.
    Tels des phylasis consumés par la chaleur du soleil pénétrante
    Ma cage obsolescente finira de congédier ses floraisons bourgeonnantes;
    Et enfin, tel un enfant, j'irai te voir, adulte et grand
    Sur ton île où se dresse un arbre, qui s'envole au-dessus des autres
    Sur ton île qui doit te paraître si déserte
    Mais qui est pour moi si bondée; cet arbre, ce sera le notre.

    Tu vois? Ô cher père énigmatique, je ne vois plus ta perte,
    Elle est comme derrière les feux de notre monde
    Elle est comme dans chaque être facétieux qui fonde.
    Tu m'as aimé à ta façon précisément, certes,
    Aujourd'hui, je sais, que sur ton île, un pull, tu tisses
    Et qu'il est pour moi. Et qu'il est pour ton fils.

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16 mai 2007

Au delà des plaines

Seul, adossé à un chêne, perdu à jamais

Dans les calmes assourdissants des cris muets

qu'applaudissent d'innombrables sages aux coeurs immobiles;

Je crierai toujours et encore, cent fois ou mille,

Je crierai, debout, perdu et entouré de solitude

Et de mes mains froides, je regarderai vers le sud;

A l'espoir d'une autre vie, ira se confondre les rêves

De mon esprit, et, enfin, tu contempleras les années

Qui auront passées et tu les trouveras brèves,

Avec la joie de mon coeur, se liera la rose fanée,

Et cette rose, en vain, tu essaieras de la reconstuire

En vain, tu essaieras de la faire renaître,

Mais tu découvriras que, plus jamais,

Je n'aurai été la statue que de l'éternel être,

Ton coeur partira alors, dans la tristesse et la peine

Arrosant ta blancheur liliale et ta beauté innée,

Détruisant, au passage, mon corps, au delà des plaines.

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