Dormeur du soir
Assis, devant ma fenêtre, songeur du ciel d'ivoire
Mes yeux sont dirigés vers les nuages de l'espoir;
J'écoute dans les silences de campagne les oiseaux qui crient,
J'écoute les hurlements déchirés des animaux endormis.
Mon lit de paille attend mon corps fatigué et vacillant
Mais la nature est bien trop belle avec ces arbres de sang;
Je contemple, encore, incertain, le spectacle qui m'est offert,
Je contemple toujours le lac et son eau claire.
A présent, il est l'heure; je me couche dans un tiroir de fourchette
Mais j'apprécie l'odeur de champ récemment récolté
Et ses senteurs de travail au soleil des agriculeurs de la traite
Qui jouissent avec leurs mains emplies de bourbillons d'une vie de retraités.
J'apprécie cette odeur me venir, m'enlacer, m'aimer
Comme jadis les patoches des temps révolus
Qui se rencontraient dans les foutoirs des hommes bourrus
Je laisse le sommeil m'emporter avec les gueulements des enivrés.
Je ne saurais vous dire si ce soir fut un soir,
Mais demain, ce sera toujours le même miroir
Et dans quelques siècles, quand je m'endormirai pour toujours
Quand je sentirai les agriculeurs armés de leurs faucilles arriver
D'un pas nonchalant et rassuré, avides de méchanceté et d'amour;
Je pourrai vous dire que ce soir-là, mon sommeil ne me fut privé.